Pris en défaut de bilan
LES PINS, DÉCEMBRE 2011
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Il est 9 h 00 quand Sébastien gare son utilitaire blanc dans la cour de l'exploitation de Thierry. Celui-ci l'accueille dans son petit bureau autour d'un café. « Bon, nous sommes repartis pour cette visite de mortesaison. Tu fais des changements pour tes semis de printemps ? », interroge le jeune technico-commercial de 26 ans. « Non pas pour l'instant, mais j'ai réfléchi à des projets pour mon exploitation », répond Thierry. « Nous verrons cela plus tard. Attaquons tes prochains programmes. J'ai quelques informations techniques à te faire passer. Puis, il faut que je te briefe sur le Certiphyto, car nous avons une prochaine session. »
Opinant de la tête, Thierry sort son carnet de plaine et un classeur. Il en extirpe deux feuillets à l'estampille du distributeur. « Au fait, je ne sais pas si tu es au courant, mais une livraison n'a pas été complète en mai. Je me suis pris la tête avec ton chauffeur, car je lui ai dit qu'il manquait un produit et l'emballage d'un sac de semences de moutarde était déchiré. J'avais profité d'une promo. » Levant un sourcil, surpris, Sébastien reconnaît ne pas être au courant.
« Ton gars pourrait être plus aimable quand même. Heureusement que je suis de bonne composition. » Gêné, Sébastien murmure, « je dirai à Marcel de faire attention, il a des soucis de santé en ce moment ».
Dans sa lancée, l'agriculteur commence à faire des gestes d'énervement en levant un peu la voix, « et puis, j'ai eu 130 € d'agios car j'ai payé une facture avec du retard. Tu aurais pu dire à votre comptable que j'étais à l'hôpital pour un début d'AVC au moment de l'échéance. C'est pas sympa de me faire cela ». Dans ses petits souliers, Sébastien promet d'arranger la situation. Puis, les deux hommes travaillent à la prochaine saison culturale.
Une fois ses préconisations réalisées et écrites, Sébastien s'apprête à se lever quand Thierry le retient. « Au fait, on n'a pas parlé de mes projets ? » Regardant l'heure sur son portable, le technico-commercial soupire en disant, « j'ai un autre rendez-vous dans 20 min. On peut en parler une autre fois, mais pas avant un mois, je suis complet là ». L'agriculteur hausse les épaules, faisant la moue. « Ben, j'aurais aimé en parler tout de suite, mais bon… »
Hélène Laurandel
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